En plein cœur de Bordeaux, au beau milieu de l’effervescence des fêtes de fin d’année, j’immortalise ce moment de suspension . Le monument des Girondins, habituellement majestueux, était ce soir-là magnifié par la brume hivernale et l’éclat hypnotique d'une grande roue installée pour Noël. Les passants se pressaient, les touristes envahissaient chaque recoin : s'approcher du monument était déjà un défi, y grimper, presque un acte de folie.
Le timing devait être parfait. Mon ami s’est rapidement hissé au sommet pendant que je me faufilais pour cadrer la scène. En hauteur, la vue est incroyable : la ville scintille doucement sous le voile blanc du brouillard, et la roue tourne lentement, découpant l’air comme une horloge céleste. Elle éclaire tout, les rues, les visages, et même nos silhouettes perchées là-haut, dans une obscurité encore jeune.
Alors que je déclenchais la prise, une touriste intriguée s’est approchée. Elle voulait la même photo, le même instant, capturé à la volée avec son téléphone. En levant les yeux, elle a aperçu mon ami en haut du monument.
Son regard s’est figé : “C’est normal, la personne tout en haut ?” m’a-t-elle demandé, un brin inquiète.
Je lui ai souri et répondu calmement : “Tout est sous contrôle.”
Ce cliché, éphémère et téméraire, porte en lui l’énergie de cette nuit-là, entre lumière silence et vertige.