Cachée au cœur d'une ville roumaine, entre deux immeubles fatigués, la synagogue se dresse majestueusement. Elle est certes oubliée, mais elle ne laisse personne indifférent devant sa grandeur et sa beauté.
Pour y entrer, c’était presque une mission d’équilibriste. Escalader un mur effrité, se glisser dans une faille étroite, tout en évitant les regards des passants dans la rue, et surtout ceux des habitants d’en face, qui n’ont pas oublié ce qu’elle fut.
Une fois à l’intérieur, le silence est lourd. Le sol fébrile, les bancs sont éventrés, les portes tombent en lambeaux. Tout est recouvert d’excréments de pigeons. L’air sent le bois en décomposition, la poussière et le moisi.
Mais malgré tout, elle garde sa dignité. Les vitraux, fendus mais encore debout, filtrent la lumière comme un souffle ancien. Et ce matin-là, au lever du soleil, les premiers rayons sont venus frapper l’autel à travers les verres colorés.
Cette vision, cette lumière, cette photo… C’est pour cela que je suis venu en Roumanie, pour vibrer au travers cette instant. Qui restera gravé pour toujours en moi.